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"Deviendrons-nous tous des slasheurs ?" Décryptage par Agnès Duroni

Deviendrons-nous tous des slasheurs ? Quel est le manager de demain ? Fondatrice dirigeante d'adevea, agence-conseil spécialisée dans le développement du capital humain et la marque employeur et intervenante à l'ISCOM, Agnès Duroni donne sa vision des futures tendances du management et des ressources humaines. 



Comment percevez-vous les tendances managériales ?

 

Photo-Agnès-Duroni

 

Depuis sa création, le management évolue. Aujourd'hui, de nombreuses entreprises sont en pleine transformation de leur business modèle suite à l'impact du digital. Cela engendre forcément des changements profonds dans les modes de management.

 

Le management de contrôle cède progressivement la place à un management de confiance. Le manager n'est plus le "sachant". Ses équipes peuvent avoir accès à l'information avant lui. Le manager de demain devra motiver, coacher, fédérer ses équipes et surtout être agile pour évoluer dans un monde incertain.

 

 

Aujourd’hui, les salariés ont plus d'opportunités de s’exprimer. Quel que soit le poste occupé : il y a une tendance autour d' "une personne, une voix". Je citerais l’exemple de Danone qui a mis en place le programme « une personne, une voix, une action » pour rendre tous les collaborateurs actionnaires. À mon sens, c’est une tendance de fond que de donner plus de pouvoir aux salariés

 

 

Ces transformations sont-elles liées à la digitalisation des métiers ou à l’arrivée d’une nouvelle génération de collaborateurs ? 

 

Certes, le digital bouleverse l'entreprise de façon profonde et amène de nouveaux modes de management mais c’est aussi le contexte actuel et les attentes d’une nouvelle génération qui contribuent à faire changer les organisations. Nous sommes dans une période où les salariés sont attentifs à leur environnement de travail. Ils sont également en attente de dimensions sociale et écologique beaucoup plus fortes qu'auparavant. Cela a forcément un impact sur le management.

 

 

Quel est le profil du manager de demain ?

 

Pour faire simple, c’est celui qui saura conjuguer le management d’hier et celui d’aujourd’hui. Il faut à la fois des compétences traditionnelles, c’est à dire donner les objectifs et encadrer l’équipe au sens large, mais aussi posséder des compétences liées à l’agilité afin d'être capable par exemple de manager des collaborateurs en télétravail, à distance, sur différents sites, dans différents pays…


Clairement, le manager de demain saura donner plus d’autonomie aux équipes et surtout les responsabiliser. 

 

 

Justement, être un bon manager, est-ce accessible à tous ?

 

De toute évidence, il y certains profils de personnes qui ont un leadership naturel et qui seront plus aptes à relever les défis du management : coacher, faire grandir, fédérer et emmener les équipes à l'objectif. 

Mais on l'oublie souvent, le management ça s’apprend ! Il y a tout simplement des techniques à acquérir qui sont accessibles.

 

 

Quelle vision portez-vous sur la transformation des bureaux, notamment le flex office ?

 

Il y a une tendance à l’ouverture, à l'horizontalité, au partage d'informations que ce soit avec les open-space ou le télétravail. Je pense que ces nouvelles formes de bureaux vont continuer à s'étendre car travailler ensemble ce n’est plus nécessairement travailler dans un même espace. 

 

C’est une tendance de fond qui répond totalement au besoin de travailler à distance ou depuis différents pays. Cependant, ce n’est pas toujours simple à mettre en place parce que les salariés peuvent se retrouver perdus avec trop d’espace de liberté et par ailleurs les open-space ne sont pas toujours confortables.

 

Cela peut fonctionner à condition d'être bien organisé et d'avoir une équipe de collaborateurs responsables, autonomes et qui ont envie de travailler ainsi.

 

 

Demain, serons-nous tous des "slasheurs" ?

 

Cette possibilité de cumuler plusieurs métiers, d’indépendants ou de salariés, se fera pour certains par nécessité financière et peut-être pour d’autres par goût. 


Il est vrai que cela peut présenter plusieurs avantages, que ce soit en termes d’indépendance ou d’organisation. C'est aussi une belle opportunité pour apprendre en permanence

 

Mais, être slasheur c’est aussi se confronter à la lourdeur administrative. En d’autres termes, le système doit être simplifié ou plus souple pour séduire davantage, en tout cas en France. 

 

 

L’arrivée des BOTS dans les RH, qu’en pensez-vous ?

 

Pour moi, les robots ont toute leur utilité pour la partie rationnelle, mais la relation entre les humains doit continuer. Tant que les robots viennent en complémentarité de la fonction RH, par exemple pour accompagner les recrutements, notamment quand il y a de gros volumes, je reste assez enthousiaste sur leur utilisation. 

 

J’ai d’ailleurs le même avis sur l’apprentissage en ligne. C'est fabuleux de donner accès au savoir et à des contenus aussi rapidement et à tout le monde.  Mais j’ai la conviction que plus il y aura de robots et de digital, plus il faudra développer une grande part d'humanité.

 

 

À propos d'Agnès Duroni... Diplômée de Montpellier Business School et d'HEC, Agnès Duroni est fondatrice dirigeante d’adevea, agence-conseil spécialisée dans le développement du capital humain et la marque employeur. Elle a précédemment rejoint la Direction des Ressources Humaines de Capgemini France avec la responsabilité de définir et mettre en œuvre des politiques RH pour l’ensemble des filiales, dans un environnement multiculturel. En 2011, Agnès Duroni a publié une thèse professionnelle dans le cadre d'un Executive Mastère à HEC en apportant une nouvelle vision de cette problématique. Conférencière en entreprise et intervenante au sein de grandes écoles (ISCOM, HEC,…), elle est l'auteure du blog « Marque employeur et nouveaux enjeux RH ». Elle a également écrit le « Guide pratique Marque employeur à destination des dirigeants de PME-ETI » avec Bpifrance Le Lab en Juin 2018.