Clémence est étudiante en 2ème année à l’ISCOM à Strasbourg. En plus d’étudier la communication, elle porte également la casquette d’entrepreneuse puisqu’elle développe en ce moment même sa propre application.
DEVENIR ENTREPRENEUR : une vocation
Depuis petite, j’ai toujours voulu aider les gens. Je me suis toujours dit que si je peux venir en aide à quelqu’un en construisant quelque chose, je devais le faire. Entreprendre pour créer des « projets impacts » m’a toujours attiré. J’aimerai pouvoir aider à faire changer les choses et à rendre le quotidien de chacun meilleur.
Ces dernières années, il est devenu commun de voir sur les réseaux sociaux des comptes dédiés à la dénonciation du harcèlement de rue. En voyant toutes ces photos, ces vidéos et témoignages, j’ai pris conscience qu’il y a un réel problème. Trop souvent encore, on assiste à des scènes de ce genre dans la rue, y compris moi et mon entourage. En connaissance de cause, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose et j’ai eu l’idée de créer une application. Contrairement à un site internet qui requiert plus de temps et une connexion internet pour y accéder, ce format est plus intuitif et facile d’accès sur téléphone. Ce concept d’application existe déjà donc il m’a fallu prendre le temps de bien construire mon projet pour ne pas proposer quelque chose d’existant et surtout qui soit vraiment utile. Une application ne pourra pas se mettre entre soi et son potentiel agresseur donc il fallait réellement que je trouve le moyen de la rendre utile dans des situations de danger.
CRÉER UNE APPLICATION : à quoi servira-t-elle ?
StaySafe est une application qui accompagne l’utilisateur avant, pendant et après une éventuelle agression.
Avant avec un concept co-piéton (comme le co-voiturage mais à pied) ou des vidéos de self- défense accessible à tous pour pouvoir se former et apprendre les gestes qui sauvent.
Pendant avec une alerte envoyée à tous les utilisateurs de l’application se situant dans un rayon de 300m2 ainsi qu’une hotline qui pourra contacter directement la police en cas de nécessité.
Après avec un suivi auprès de la personne pour s’assurer qu’elle ne se sente plus en danger, assurer une sorte de soutien émotionnel le temps que la personne soit en lieu sûr.
Étudier la communication m’a permis de constater le pouvoir des réseaux sociaux dans de nombreux cas. Aujourd’hui, je travaille sur le développement de ma communauté via mon compte Instagram. Je cherche à faire parler de mon projet et à convaincre celles et ceux qui se sentent concernés par le sujet de participer à ce projet est de faire de ce concept un succès. Avec cette communauté, je peux montrer aux entreprises que je démarche qu’il y a un réel besoin et que des personnes sont prêtes à porter le projet.
DEVENIR ENTREPRENEUR : des objectifs ambitieux
En attendant d’obtenir assez de fonds et pour me lancer dans le projet concret, je travaille sur tout ce que je peux déjà mettre en place en parallèle : des webinars thématiques avec un psychologue, une mise en relation avec des étudiants en psychologie pour ceux qui en ont besoin, des conférences sur l’auto-défense, etc. Je suis également en train de créer un mini book rassemblant toutes les bonnes techniques et les bons réflexes à avoir dans une situation de harcèlement de rue qui sera distribué dans des écoles de Strasbourg et de Metz.
Mon objectif à long terme est de créer des salles d’auto-défense à travers la France qui soient accessibles à tous. Aujourd’hui, leur prix d’accès est relativement élevé et pour des étudiants comme moi qui payent une école et un loyer tous les mois, on ne peut pas se le permettre. Or, apprendre à se défendre ne devrait pas être un luxe mais un droit. Nous avons déjà pu voir de nombreuses campagnes de sensibilisation sur la nécessité d’agir contre le harcèlement de rue, mais il arrive bien souvent qu’en situation réelle, on ne soit pas en mesure de le faire, tout simplement car on ne sait pas comment s’y prendre pour intervenir e?cacement tout en se protégeant soi-même.
ÉTUDIANT ENTREPRENEUR : UN COMBAT À LONG TERME
J’ai eu l’idée du projet en août 2019. En tant qu’étudiante, c’est di?cile de pouvoir monter un tel projet seul. J’ai fait la demande et obtenu mon statut national d’étudiant entrepreneur et j’ai intégré un réseau d’étudiants entrepreneurs appelé ENACTUS qui m’accompagne et me conseille. Récemment, j’ai eu la chance de faire partie de la saison 3 des Femmes Influentes soutenues par Orange. J’ai eu droit à non seulement un sponsor mais aussi un mentor qui m’est d’une aide précieuse.
Quand je démarche des professionnels, l’idée et le concept plaisent généralement jusqu’au moment où ils m’ont au téléphone et découvrent mon âge, ce qui change complètement leur mentalité. Malheureusement, encore aujourd’hui, la jeunesse est souvent associée à un manque de maturité, ce qui est dommage. Mon ambition est de prouver qu’il n’y a pas d’âge pour porter un projet qui a du sens !